Il serait temps de repenser l’enseignement dans les écoles primaires et de mettre en place des méthodes d’enseignement et d’apprentissage plus efficaces que l’APC qui a montré ses limites.
Mise en oeuvre il y a plus de vingt ans dans les établissements primaires, l’approche par compétences (APC) semble avoir failli aux objectifs qui lui ont été assignés: l’amélioration de la qualité des apprentissages, la lutte contre le décrochage scolaire et l’amélioration des acquis des élèves les plus faibles. A la base, cette approche éducative pédagogique, inspirée de certains systèmes éducatifs occidentaux, a été implémentée dans les établissements primaires afin de doter les écoliers des outils qui leur permettent de facilement transposer les connaissances acquises en classe et de mieux appréhender les situations de la vie réelle dans l’optique de les préparer à moyen et à long terme au marché de l’emploi. L’objectif étant de remplacer la transmission et la restitution des savoirs qui est la base de l’apprentissage classique par une approche qui privilégie l’éveil, le sens critique et l’interactivité des élèves avec leurs enseignants. Toutefois plusieurs facteurs ont contribué à l’échec de cette approche.
Dégradation du niveau des élèves
La mise en œuvre de cette dernière, il y a plus de vingt ans, a eu lieu dans la précipitation sans avoir été mûrement réfléchie et sans avoir veillé à former convenablement les instituteurs et les institutrices chargés de la décliner en pratiques d’apprentissages. Elle est, par conséquent, appliquée tant bien que mal dans les écoles primaires sans que les professeurs des écoles primaires en maîtrisent véritablement les fondements, ce qui rend leur tâche complexe et délicate. Conséquence: alors qu’elle est supposée améliorer les compétences des élèves du primaire, elle n’a fait qu’affaiblir le niveau de ces derniers qui ont du mal à assimiler correctement les connaissances, notamment dans les établissements éducatifs des zones défavorisées, où dans des classes qui comptent une pléthore d’élèves, il est difficile de travailler par groupes et de réaliser des activités individuelles ou collectives qui renforcent l’acquisition des connaissances.
Repenser l’enseignement dans les écoles primaires
Cette situation n’a fait qu’empirer ces deux dernières années avec la pandémie de Covid-19 qui a perturbé considérablement le déroulement des cours et des apprentissages dans les écoles, les collèges et les lycées. Des professeurs, à l’instar de K.H, instituteur dans une école primaire du gouvernorat de Ben Arous, s’inquiètent aujourd’hui de la dégradation du niveau des écoliers due à plusieurs facteurs. Ce professeur des écoles qui enseigne aux écoliers de la 3e et de la 5e année primaire se désole du niveau des élèves qui ne savent ni lire, ni rédiger correctement une phrase lors de la réalisation d’exercices de production écrite. « L’approche par compétences n’a pas contribué à améliorer le niveau des élèves. Bien au contraire. Il y a des élèves de cinquième année primaire qui ne savent ni lire, ni écrire correctement un énoncé. Ce n’est pas seulement la faute à l’approche par compétences. Au cours des deux dernières années de pandémie que nous venons de vivre, les élèves n ‘ont pas pu assimiler toutes les connaissances incluses dans le programme, à cause de l’interruption des cours. A force de suspendre à chaque fois les cours et de fermer des classes, à cause de la détection de contaminations parmi les élèves, ces derniers finissent par oublier ce qu’ils ont appris ». Selon l’instituteur, il serait temps de repenser l’enseignement dans les écoles primaires et mettre en place des méthodes d’enseignement et d’apprentissage plus efficaces que l’approche par compétences qui a montré ses limites.